UDFR
20.29.01
Greg Callaghan et Unior/Devinci joignent leurs forces
La recette du succès

Greg Callaghan et Unior/Devinci joignent leurs forces
Words and photos by Ross Bell

Nous sommes à la mi-janvier et aussi inusité que ça puisse l’être, Dublin baigne dans les rares rayons d’un soleil d’hiver. « J’ai toujours dit que l’hiver Irlandais formait le caractère » dit Greg en ricanant. Il remonte la trail vers moi en poussant son vélo déjà enduit d’une bonne dose de boue épaisse. Ce nouveau vélo de course est un Spartan, puisque l’Irlandais a décidé qu’un « changement d’atmosphère » était de mise, l’amenant à enfiler l’uniforme d’Unior Devinci Factory Racing pour créer un duo de feu avec le Kiwi Keegan Wright. Greg et Unior/Devinci sortent tous deux de longs partenariats, le premier avec son équipe, le second avec un pilote. Le timing était parfait pour joindre leurs forces, mutuellement avides de podiums.

Greg compétitionne sur l’Enduro World Series depuis le tout début, ce qui lui a permis de se développer au même rythme que la Série. Son histoire a été bien documentée, avec raison d’ailleurs. Laisser son siège de chauffeur-livreur pour monter sur la plus haute marche d’un podium EWS a de quoi faire rêver! N’empêche que les deux dernières saisons l’ont laissé passablement frustré – il est le premier à l’admettre. Surtout après 2017, alors qu’il a passé l’année parmi les meneurs, terminant 3e au classement général avec une poignée de podiums et une victoire en poche. Il n’a pas eu à réfléchir longtemps quand je lui ai demandé ce qui avait freiné sa lancée en 2018 et 2019 : « Parfois, de toutes petites choses peuvent finir par avoir un impact et tout faire déraper… Il y a tellement de facteurs qui peuvent affecter une course, difficile de pointer une seule chose, surtout sur deux saisons de course. Je pense que de changer d’environnement avec Unior/Devinci va vraiment m’aider. J’ai l’impression que je serai plus heureux aux courses, ce qui va me mettre en meilleure position pour performer. Parce qu’au final, un pilote heureux est un pilote rapide. »

Courser est un casse-tête, un cube Rubik qui change constamment, avec des facteurs qui peuvent parfois se contrôler, parfois non. Un combat à la fois physique et mental avec soi-même, le chrono et les adversaires. Greg peut placer les pièces qu’il a en mains, mais pour le reste, il ne peut que se préparer à réagir de la meilleure manière possible : « Depuis 2017 je sais jusqu’où je peux aller. Les résultats de certaines spéciales démontrent que j’ai toujours cette vitesse, mais pour des raisons qui m’échappent, il manque quelque chose. J’ai l’impression qu’avec un nouveau vélo et une nouvelle équipe autour de moi, ce sera plus facile de faire ce qu’il faut pour que ces weekends de course donnent les résultats dont je suis capable. » Avec la variété grandissante des parcours de l’EWS, il ne faut faire aucun compromis dans l’approche comme dans l’exécution si on veut rester à la fine pointe du sport.

L’entraînement est sûrement le facteur le plus important pour n’importe quel athlète professionnel, ce qui peut l’amener de zéro à héro. Avoir une bonne relation avec son entraîneur est la clé et Greg entame sa 8e année de collaboration son compatriote Chris Kilmurray de Point 1 Athletic, qui vit maintenant à Morzine : « J’ai contacté Chris à la fin de la première année de l’EWS. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je faisais en entraînement, je me contentais de faire le plus de vélo possible. Par la fin de la saison, je voyais clairement la différence avec les professionnels qui savaient quoi faire et qui étaient prêts pour la course, tandis que moi, j’improvisais plus qu’autre chose avec des résultats corrects. Chris a assisté à quelques courses EWS en plus de participer à différents enduros, ça a été très formateur. C’est vraiment cool de sa part puisqu’il peut ressentir la même chose que moi et voir comment ça se passe pendant la course. Par exemple, c’est difficile de décrire sa fatigue après 12 minutes dans une spéciale, c’est mieux qu’il le sente et qu’il voit l’impact sur la posture, ou la façon qu’on réfléchit et qu’on se comporte sur le vélo. Maintenant, on a tellement une bonne compréhension de l’autre, comme une grosse base de données où on peut trouver des réponses au besoin. Il sait comment je vais réagir à un programme d’entraînement ou à ce qu’il me dit, on est transparent. Je peux être honnête avec lui. Si je ne me sens pas bien une journée ou que je manque une session, je sais qu’il ne va pas me juger, ou me rincer. C’est sur moi que ça repose si je fais quelque chose de travers, je peux le dire parce que cette responsabilité veut dire beaucoup. Être responsable de ses propres actions. Par exemple si le mauvais temps m’empêche de terminer l’entraînement prévu, si je lui dis, on peut s’ajuster et se rattraper pendant la semaine. Mais si je dis que oui oui, c’est bon j’ai fait tout ce qu’il faut… C’est clair qu’on n’aura pas été chercher le plein rendement de la semaine. »

Greg est né et a grandi à Dublin. Bien qu’il ait roulé dans les endroits les plus beaux et exotiques de la planète, l’appel du pays reste fort : « J’ai pensé déménager, m’installer où la température serait moins rude, mais au bout du compte, je pense que Dublin est aussi bien que partout ailleurs pour l’enduro, l’entraînement et développer sa passion du vélo… Je dirais même que Dublin est en plein essor. La quantité de trails est impressionnante, il y a plein de types de montagnes et le nombre d’adeptes est assez incroyable. L’autre jour nous étions trois au départ, et en un rien de temps, nous étions une quinze, juste en croisant des amis qui se sont ajouter au groupe. » J’en ai eu la preuve ce matin puisque j’ai vite perdu le compte des gens rencontrés qui s’arrêtaient, le temps de discuter avec Greg et de reluquer son nouveau vélo.

Il y a définitivement beaucoup de fierté nationale en Irlande. Si vous avez assisté à l’EWS de Wicklow ou vu la couverture médiatique, vous avez une bonne idée du niveau de support inconditionnel que la communauté de vélo a pour Greg. « Nous n’avons pas une longue histoire de succès sportifs » me dit-il avant d’ajouter « alors quand quelqu’un de la vieille Irlande réussit à l’international, ça peut déchaîner des passions. » Je l’ai questionné quant à savoir l’impact qu’il anticipait pour sa communauté cycliste, le fait d’avoir une manche de l’EWS dans ses trails locales : « Je crois qu’on peut déjà en sentir les effets. Je pense que le fait qu’une personne du coin puisse gagner a eu un impact immense. Déjà de voir les meilleurs au monde rouler dans nos trails étaient une révélation, alors de voir qu’un gars d’ici puisse les battre… Ça fait réaliser que c’est possible, que c’est gagné par des humains. Après tout, ça reste du monde qui roule à vélo alors ce n’est pas inatteignable comme objectif, de compétitionner parmi eux et d’en faire une carrière. Je crois que depuis 6-7 ans, on voit de plus en plus d’amateurs qui poussent fort pour y arriver. J’espère vraiment que ça va continuer et que dans 5 ans, l’Irlande sera une grande nation de vélo de montagne. » On ne peut qu’être d’accord et on comprend que ça risque de faire des petits, surtout avec la nouvelle direction que Greg prend avec Unior/Devinci. Il semble être au bon endroit et il a déjà la recette du succès. Ce qu’il a mentionné plus tôt me revient en tête : un pilote heureux est un pilote rapide.



Instagram @cyclesdevinci
Instagram @uniordevinci
Facebook @cyclesdevinci
Facebook @uniordevinci
@greg_callaghan



Thanks to our partners supporting Unior Devinci Factory Racing